Les conditions du stress (suite)
Je me souviens que lorsque j’étais adolescente, j’avais toujours le trac au moment de recevoir mon bulletin scolaire trimestriel. Ce n’était pas parce que j’avais de mauvaises notes, au contraire, car j’ai toujours obtenu des A et des B, très rarement un C. Ce que je craignais, c’était l’évaluation elle-même ou plutôt le fait qu’un professeur, c’est-à-dire quelqu’un plus compétent que moi dans une matière, m’évaluait sur mes compétences. À cette époque, je pensais que j’étais une des rares adolescentes à me sentir ainsi et que, parfois, je m’inquiétais trop.
Cependant, quelques années plus tard, alors stagiaire dans une école secondaire, je remarquais que les élèves de ladite école étaient aussi inquiets de leur note. Cette note avait la capacité d’influencer leur GPA, lequel détermine l’admission dans une université ou un programme. J’ai donc réalisé que ce stress était lié au fait qu’une note, une évaluation des compétences étaient en quelque sorte une menace qui pouvait aboutir au refus d’être admis à l’université.
En tant que professionnelle adulte, lors de chaque évaluation du rendement, j’ai ressenti aussi une certaine crainte, un certain stress. Si on revient au premier article de ma chronique, on y représentait cette menace par le mammouth. Dans ce cas-ci, l’évaluation du rendement est le mammouth que je dois maîtriser pour mieux gérer mon stress. J’ai appris à maîtriser ce stress ainsi que l’anxiété liée à la performance au fur et à mesure de mes études en psychologie et d’une meilleure connaissance de moi. Ainsi, j’ai développé mes compétences en tant que professionnel en général et j’ai pu mieux gérer mes sentiments par rapport aux évaluations. En tant que professionnel en relation d’aide avec une certaine expérience en ressources humaines, je peux affirmer que je ne suis pas la seule personne au monde à avoir cette crainte de se faire évaluer, elle est par ailleurs plus commune qu’on peut imaginer.
Voici que l’on arrive à la dernière lettre des caractéristiques du stress¹, le É, pour Égo menacé. Lorsque nos compétences se font évaluer, soit pour un bulletin scolaire ou pour une évaluation du rendement au travail, ou encore lorsque l’on a la perception que quelqu’un doute de nos capacités, on peut les interpréter comme une menace à notre égo. Ainsi, la peur que quelqu’un d’autre ait le pouvoir de prendre une décision qui pourrait influencer notre avenir dans l’entreprise où l’on travaille, par exemple, nous cause du stress.
Comment gérer le stress causé par un égo menacé? Il existe plusieurs moyens et c’est à nous de choisir l’approche qui nous convient le mieux. Le premier pas, c’est d’identifier ce que l’on vit : « Est-ce du stress? », « Est-ce de l’anxiété liée à la performance? », « Quelle en est la fréquence? »… Ensuite, on peut dire à notre cerveau que le mammouth n’est pas si grand qu’on le croit et pour ce faire, il existe des exercices très utiles de relaxation et de pleine conscience. On peut aussi travailler sur nos attentes vis-à-vis nous-mêmes. Par exemple, est-ce que de s’attendre à obtenir un excellent rendement en tout temps correspond à une attente réaliste?
Si après tout cela on se rend compte qu’on a encore besoin d’aide, on peut se tourner vers un professionnel en counseling ou en psychothérapie.
¹ C.I.N.É. : contrôle, imprévisibilité, nouveauté, égo